The Walking Dead Saison 2 – changement de point de vue

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Souvenez-vous, j’avais plutôt bien aimé la première saison de The Walking Dead, point & click créé par le désormais prolifique studio Telltale Games. On ne jouait pas vraiment, mais l’écriture m’avait convaincu. Une œuvre entre le film et le jeu vidéo, qui allait ainsi amorcer un nouveau sous-genre, bien exploité depuis par le studio californien à son origine, et repris par d’autres créateurs à leur sauce, comme par exemple Life is Strange. The Walking Dead, saison deux, est alors apparu au milieu de ces multiples jeux/clones du genre. La suite de l’original… Intriguant.

Malheureusement, rien de neuf à l’horizon. On note tout de même une amélioration au fil des épisodes, jusqu’à un final vraiment réussi, saisissant. Cette montée en intensité est justifiée par l’écriture, on y reviendra, mais se foire complètement à cause du format épisodique. Sur les cinq épisodes, les deux premiers ne servent à rien, ainsi qu’une grande partie du troisième. Les ficelles liées aux « choix » se montrent trop grossières pour être crédibles : si l’on choisit de sauver tel personnage plutôt qu’un autre, ce dernier trouvera le moyen de clamser un peu plus loin. Sur des évènements cruciaux, quel que soit le choix, il n’a que peu d’importance, même si les épisodes quatre et cinq s’avèrent plus subtils. Enfin, et sur ce point cela reste très personnel, j’ai eu du mal à m’attacher à ce nouveau groupe, et donc à être touché par la fatalité inéluctable de ses membres.

Contrairement à la première saison où l’on jouait Lee, désigné leader un peu malgré lui, la narration nous place cette fois ci du point de vue de la petite Clémentine, enfant devenu maintenant pré-ado, mais destinée par la force des choses à grandir davantage, et à prendre une maturité qui ne lui sied guère. Cette différence de point de vue narratif est importante, car de l’adulte qui se sent en charge d’un groupe de paumés formé au fil des situations, on passe à la gamine qui s’incruste dans une toute nouvelle bande. De plus, les membres se montrent méfiants envers elle, agressifs, égocentriques, en gros ils sont tous assez insupportables. Bref, le scénario va nous proposer des choix qui n’en sont pas, vu notre statut de gosse arriviste, et qui concernent en plus de cela des personnages antipathiques. Bonjour l’impact émotionnel, on repassera. Si cela vaut surtout pour les deux premiers épisodes, vraiment ratés pour le coup, le côté bancal de cette narration s’adoucit petit à petit, alors que Clémentine s’intègre au groupe. Les choix proposés paraissent alors plus logiques, même si parfois on lui donne beaucoup trop de responsabilités par rapport à l’importance de son rôle. A mon sens, c’est vraiment là le défaut du jeu. Avoir placé le point de vue narratif au niveau des pensées d’une gamine amène un réel problème sur le récit déjà un peu maladroit de cette seconde saison. Pour autant, Clémentine était le meilleur personnage de la première saison, mais c’est surtout parce que Lee, le joueur, veillait sur elle et prenait ses décisions en fonction de cette relation père-fille, écrite avec sens et justesse. Cette suite en reprend les grands principes, notamment avec l’arrivée en cours de route d’un excellent personnage, mais en inversant les points de vue. Le concept aurait pu être excellent si l’écriture avait été plus subtile, mais à vouloir pousser toujours plus loin le concept du choix crucial et des conséquences chocs, Telltale Games s’est un peu embourbé dans des situations grossières et mal amenées.

Heureusement, le tir est rétabli pour les épisodes quatre et cinq. Si on n’évite pas quelques faux pas, ces deux actes représentent la meilleure partie de la seconde saison de The Walking Dead. Dans un contexte pourtant stressant, on savoure enfin à un peu de calme dans ce monde de fous et de zombis. Le calme avant la tempête, en réalité, qui explose au dernier épisode, magistrale claque pour un final intense et définitivement réussi. Clémentine a (encore) grandi, elle a gagné en maturité au fil des épisodes et ses choix ont désormais un poids, et, surtout, des conséquences. En résulte plusieurs fins possibles, toutes bonnes ou mauvaises, cela a peu d’importance, mais elles correspondent aux décisions de Clémentine. C’est son histoire, sa conclusion. Aucun intérêt de refaire le jeu ou le dernier épisode pour voir les autres fins, ce serait mentir à ce que le joueur a vécu à ses côtés.

 

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