Might and Magic : Clash of Heroes, mais où est la désintox ?

10 minutes de lecture


Depuis le rachat en 2003 de la licence Might and Magic par Ubisoft, plusieurs titres aux genres assez différents ont vu le jour sous ce nom prestigieux. Entre Dark Messiah, FPS bourré de bonnes idées, et maintenant Clash of Heroes, les Might and magic se sont largement diversifiés avec le temps. La récente sortie du sixième opus de Heroes of Might and Magic ne met pas de côté les origines de la légende et je trouve assez réussi ce qu’Ubi a fait de cette licence. Ils ont tout misé sur un univers passionnant et sont repartis sur des bases de gameplay plus accessibles, plus funs. Attention je ne renie pas le passé de la série, au contraire j’en suis plus qu’admiratif, mais il faut bien tourner la page à un moment, et accepter quelques modifications. Surtout si celles-ci sont de bon gout.

L’ambiance et les graphismes sont assez réussis.

 

Chronophage

Clash of Heroes est un bon exemple du présent état de la licence Might and Magic : un jeu original aux mécanismes complètement différents de ceux que l’on connait de la série. C’est un « petit » jeu, un indépendant comme on dit, développé par Capybara Games, studio inconnu au bataillon mais au fort potentiel vu le titre testé aujourd’hui. En plus de respecter le matériau de base mis à disposition par Ubisoft, ils ont réussi à nous pondre un puzzle-game / RPG de grande qualité, long et plutôt bien équilibré vu les nombreux types de gameplay auxquels on a accès. A l’image de Puzzle Quest, Might and Magic : Clash of Heroes fait partie de ce genre de jeu où l’on teste le début par pure curiosité et qui, finalement, vous emporte durant trois heures. Le truc, c’est que personne ne sait dans quel trou noir sont passées ces quelques heures de découverte du jeu, et qui plus est, vous n’avez qu’une envie : continuer l’aventure. Ce jeu est une drogue dure, je vous préviens. Il est totalement addictif et dangereux pour votre santé sociale !

Un combat classique. Vous allez en bouffer durant des heures.

 

Puzzle Wargame RPG of Heroes

Les systèmes de jeu sont assez simples à comprendre mais les maitriser vous demandera tout de même quelques heures. En mode tour par tour face à un ennemi, vous contrôlez une petite armée par l’intermédiaire d’un héros, et le but va être d’aligner trois unités de même type et de même couleur. Horizontalement pour former un mur de défense, ou verticalement pour former une attaque. Si la capacité des murs dépend du type d’armée que vous avez – par exemple ceux des elfes se régénèrent à chaque tour tandis que les murs des humains sont plus résistants -, l’attaque dépend évidemment de l’unité en soit. Il faut un certain nombre de tours pour charger une attaque et il sera nécessaire de bien réfléchir à quelle unité faire attaquer en premier, choisir la plus efficace selon l’ennemi auquel on fait face, etc. Vous avez trois mouvements par tour, sachant qu’un mouvement correspond soit à un déplacement d’unité, soit à sa suppression sur le champ de bataille. Pas d’inquiétude, vous avez toujours une réserve d’armée où vont les unités qui ont terminée leur attaque ou celles qui ont été détruites. Une fois que la réserve comporte suffisamment de chair à canon bien fraiche, il est nécessaire de dépenser un point de mouvement pour les faire toutes apparaitre sur le champ de bataille. Le hic, c’est que ce placement est aléatoire. Il faut donc compter sur le hasard, et il fait rarement bien les choses, pour se remettre d’aplomb dans un combat ardu. Bonjour les crises de nerf et les plaintes de mauvaise foi ! Cela dit, c’est quand même le but du  jeu et j’avoue avoir été plus que conquis par ces choix de game design.

Il n’est pas rare d’affronter des ennemis plus forts que soit.

Maintenant que vous connaissez la partie émergée de l’iceberg, jetons un œil sur certaines règles qui enrichissent adroitement le tableau :

  • Vous pouvez uniquement déplacer les derniers soldats situés en bout de colonnes. Si une unité qui vous intéresse se trouve en plein milieu de votre armée, il faudra prendre quelques tours pour dépiler, ou usez d’autres stratagèmes afin de ne pas trop perdre de points de mouvements.
  • Puisqu’on en parle, pour gagner plus de mouvements, vous devez aligner naturellement des groupes de trois unités. Naturellement veux dire en réalité sans déplacement manuel. Il faut également savoir que chaque unité, si elle n’a personne devant elle, s’avancera forcément jusqu’au prochain obstacle, ou la ligne de front le cas échéant. Une fois ce concept maitrisé, vous pourrez commencer à engranger des points de mouvements, en supprimant des unités bien placées. Par exemple, un paladin coincé entre trois lanciers. Supprimez le paladin et vous aurez une formation en attaque sans avoir gâché de point de mouvement. En effet, vous en perdez un pour retirer le paladin du jeu, mais vous en regagnez un pour avoir formé une attaque naturellement. Selon le placement des unités, vous pouvez enchainer les combos d’alignements et les mouvements supplémentaires. Il faut bien observer le champ de bataille et agir en fonction du fameux placement aléatoire afin d’en tirer les meilleurs tactiques.
  • Vous pouvez également grouper des attaques d’unité de même couleur (et pas forcément de même type) afin de faire plus de dégâts. Vous vous souvenez qu’une attaque prend plusieurs tours à charger et que cela dépend des unités, et bien synchronisez celles de mêmes couleurs afin qu’au moment de lancer leurs attaques, elles fassent toutes bien plus de dommages à l’adversaire.
  • Encore un détail et pas des moindres : le héros a son importance dans la bataille ! Chaque personnage a une attaque spéciale qui se charge au fur et à mesure que votre armée inflige ou se prend des dégâts. Une fois disponible, cette puissante attaque peut changer en partie le déroulement du combat. De plus, vous avez la possibilité d’équiper votre héros avec un artefact. Ces équipements changeront pas mal votre façon de jouer. Certains poussent à défendre, d’autre à grouper certaines unités ou à en utiliser des spécifiques. Clash of Heroes est très riche de ce côté-là et essayer les différents couples héros / artefacts vous prendra un certain temps…
  • Pour terminer sur le gameplay, vous débloquerez des unités spéciales pour chaque type d’armée. Celles-ci forment une attaque en plaçant deux unités, ou quatre pour les plus puissantes, de même couleur dans son dos. Une nouvelle fois, cela peut changer le résultat d’une bataille tant certaines sont dangereuses. Par exemple, les chevaux de l’Enfer se synchronisent et attaquent en même temps, quelque soit le nombre de tours qu’il leur reste à charger, les cerfs elfes sautent la première rangée de mur défensif, tandis que les arbres centenaires drainent la vie du héros ennemis une fois touché avec ses racines. Chaque armée possède cinq unités spéciales et il faudra bien comprendre les avantages et manières de jouer de chacune d’entre elles pour vaincre vos adversaires.

De plus, le jeu inclut un mode multi-joueurs loin d’être inintéressant pour le coup. Vu la richesse du gameplay et les différences entre races, vous pourrez vous amusez un bon moment. La campagne solo dure déjà à elle seule une bonne trentaine d’heures, donc inutile de vous dire qu’au petit prix où est vendu le jeu, vous en aurez pour votre argent vu la qualité et la longévité du bordel.

Les tavernes, sources de quêtes annexes, mecs bourrés et combats au pif.

 

Respect de l’univers des Might and Magic

Désolé pour cet énorme aparté concernant le gameplay mais il est vraiment au cœur du jeu et mérite toute notre attention. Quant à l’histoire, elle est des plus convenue et la construction du jeu est d’une simplicité et d’un classicisme effrayant. Sur un éternel fond de good guys et bad guys, la structure du jeu est faites de façon à ce que vous incarniez à tour de rôles les cinq races que comporte le jeu. On retrouve autant de mini-campagnes que de styles de jeu et d’ambiances, ce qui permet de ne jamais s’ennuyer et d’apprécier tout le plaisir des combats, de plus en plus difficiles. Vous pourrez tout de même vous déplacer sur une carte, de case en case, activer des quêtes annexes, ouvrir des coffres à trésors, acheter des unités spéciales et toute sorte de choses possibles dans un RPG classique. Les chemins sont nombreux et semés d’impasses. En gros il est impossible de se perdre, mais très probable de rencontrer des ennemis annexes bien plus forts que la normale ! Les vaincre sera synonyme de grande récompense et, surtout, de combat acharné mémorable. Il y a toujours quelque chose à faire et à découvrir dans ce jeu. Le respect de l’œuvre d’origine et du background, bien remis en avant depuis le rachat de la licence, est bien présent. Après on aime ou pas le parti pris graphique, à moitié pastel pour les décors, moitié manga pour le design des personnages. La direction artistique n’est pas des meilleures mais le jeu reste joli et fidèle à l’univers Might and Magic. On y trouve des archanges, des nécromanciens, de l’or, des cristaux, du bois et, surtout, des musiques épiques avec chœurs à la clé et toute la symphonie qui va avec. Que demander de plus ?

Quelques vidéos figées (?) ponctuent les introductions et conclusions des campagnes.

 

C’est donc une nouvelle fois sur Chroniques-Ludiques.fr qu’est testé un excellent jeu de la scène indépendante (bon, produit par Ubisoft mais quand même l’idée est là). Si vous aussi vous aimez vous perdre dans des mécanismes de jeu riches, à défaut d’être complexes, et demandant un minimum de réflexion avant action, bercé par un univers fantasy classique mais efficace, je crois bien que ce Might & Magic : Clash of Heroes est fait pour vous !

 

Qualités

  • Le système de combat prenant
  • La difficulté bien équilibrée
  • Plutôt joli
  • Long et complet, vu le petit prix

 

Défauts

  • Histoire pas folle
  • Le boss de fin complètement cheaté
  • Certains artefacts déséquilibrent le jeu

 

Note globale : 4/5

________________________________

 

,

8 réponses à “Might and Magic : Clash of Heroes, mais où est la désintox ?”

  1. C’est trop rare de tomber sur un test de Clash of Heros pour ne pas prendre la peine de laisser un commentaire ; ce jeu fait parti de mes titres préférés sur la PS3 toute production confondus. Comme tu le souligne a juste titre le jeu repose sur un game play qui arrive à être d’une grande simplicité tout en se révélant d’une vraie profondeur. Je ne me lasse pas de ce jeu, surtout que l’on trouve toujours un petit pool de joueur sur le jeu en ligne ce qui permet de renouveler le challenge. Tu dis que la difficulté est bien dosée, j’avoue que je l’ai trouvé un poil faible pour le solo, l’IA n’est pas vraiment agressive et sortie de quelques boss je trouve que l’on gagne facilement. Alors qu’on trouve en ligne des adversaires bien plus retords ce qui rend le jeu encore plus intéressant parce que pour gagner il faudra compter sur une maîtrise parfaite de tous les mécanismes et même une pointe de chance. Bref tout ça pour dire que j’adore ce jeu ! 🙂

    • Effectivement, le niveau du jeu en ligne est assez haut, bien plus que l’IA en solo (normal, en même temps).
      Mais comme je suis nul, et que j’ai jamais de chance, les différentes campagnes m’ont semblées justement bien équilibrées niveau difficulté, surtout lors du premier tiers de chacune d’entre elles. La découverte des points forts et faibles de chaque race, l’écart de niveau entre les ennemis annexes et ton héros, les quelques boss qui changent un peu ta manière de jouer. Je trouve que ça aurait pu être pire !
      En tout cas je ne suis pas le seul à avoir aimé apparemment 😀

  2. Bon alors si j’ai bien compris c’est une sorte de mélange entre Bejeweled, un Tower Defense, Magic et un classique HoMM 🙂
    En tout cas c’est vrai que ça a l’air d’un bon mix pour les amateurs du genre. Si en plus c’est à petit prix, que demande le peuple !?

  3. J’avoue que j’ai presque honte de le dire mais Clash Of Heroes, malgré toutes les bonnes critiques que je peux voir à son égard, est un jeu qui ne me tente pas du tout. Je ne sais pas, après avoir vu une vidéo de gameplay, je ne me suis pas laissée séduire par ce système de puzzle dans les combats. Ce qui est un brin bizarre puisqu’un jeu comme Puzzle Quest, même si différent mais restant dans le même concept de mélange entre puzzle et RPG, m’avait vraiment emballée. Enfin, je ne jetterai pas non plus la peau de l’ours avant de l’avoir tué, il est probable que je teste ce que ça donne par l’intermédiaire d’une démo pour vraiment voir si je me fais une fausse idée ou non.

    • La démo que l’on peut télécharger et jouer c’est le tutoriel, c’est intéressant mais ça ne donne pas un véritable aperçu de toutes les subtilités de game play que ce jeu contient

    • C’est étrange cette mauvaise appréhension ! Surtout si tu aimes Puzzle Quest. Soit tu testes la démo, mais effectivement si ce n’est que le tutoriel, ça va être aussi simple que peu passionnant.

      Sinon tu attends une future promo du jeu sur Steam, pour une poignée d’euros. Les soldes vont arriver avec l’été… Très bientôt 😀

  4. existe-il une nouvelle version et sur quel support, car je suis totalement accro, et souhaiterait continuer l’aventure avec de nouvelles familles et de nouveaux pouvoirs.
    ps4 ou pc par exemple. par avance merci a celui qui va m’eclairer.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *