Uncharted, promesses d’aventure et d’exploration

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Uncharted, sorti en 2007, était en quelque sorte la réponse de Sony au Gears of War de Microsoft. On n’y retrouve pas forcément les mêmes sensations mais les deux titres surfaient sur la vague du TPS beau, précis et jouable, genre réinventé peu de temps auparavant par l’excellent Resident Evil 4. Voila, le contexte est replacé. Qu’en est-il d’Uncharted premier du nom, production Naughty Dog, devenu par la suite une des licences les plus vendues de la firme Sony ?

Le genre de moment qui rassure.

 

Beau visage, belle robe

Le jeu est beau, c’est indéniable. C’est d’ailleurs la première chose à laquelle on pense lorsque le nom d’Uncharted est mentionné. Les techos de Naughty Dog maitrisent leur moteur et savent tirer profit des entrailles de la Playstation 3. On ne peut leur enlever cela. Si le premier niveau est une sorte de leurre graphique (on nous fait croire que c’est moche), c’est réellement au niveau suivant où l’on se prend une claque, malgré les cinq années qui nous séparent de la sortie du jeu. La jungle est magnifique, tout simplement. Les effets d’ombre et lumière, les couloirs du level-design fort bien intégrés dans le décor, ou encore les nombreuses couleurs chatoyantes, tout est là pour nous charmer. Et ça marche, l’ambiance des premiers niveaux est parfaitement retranscrite, presque prenante.

Techniquement, le son est également loin d’être à la traine. Vous pouvez activer le mode DTS, voire même PCM pour les plus équipés. La qualité et la balance des sons est bien au rendez-vous, immergeant un peu plus le joueur dans les quelques huit heures d’aventure que dure Uncharted. En tout cas l’alchimie fonctionne au début du jeu. Malheureusement, c’est une fois que l’on se rend compte que les gars de chez Naughty Dog ne sont que de vulgaires illusionnistes, et que leur jeu n’est finalement qu’un vil tour de passe-passe, que ça se gâte.

Abracadabra ! Vous n’y voyez que du feu.

 

Uncharted, fidèle synonyme de non-sens ?

La poudre aux yeux étant très efficace, c’est un violent désagrément lorsque celle-ci ne fait plus son effet. En effet, Uncharted est une coquille vide. Vide de sens, dans un premier temps. Les évènements s’enchainent, pratiquement sans aucun lien ni aucune signification. Attendez-vous à affronter des dizaines et des dizaines de mercenaires, dans des ruines du XVIe siècle à priori inexplorées (si on se fit au titre du jeu), ou alors sans aucun signe d’archéologues où je ne sais quelle protection de vieux machins. Admettons que ces ruines soient inexplorées et que les bandits aient placé des camps un peu partout. Admettons. Cela n’expliquerait quand même pas pourquoi on se casse le derrière à résoudre une énigme pour ouvrir un passage secret, alors qu’une armée de soldats est déjà sur place. M’enfin, admettons également. Mais tout ceci ne pourrait expliquer pourquoi Nathan (le héros du jeu) arrive encore à trouver des trésors antiques, en or qui plus est, à deux pas d’un camp ennemi. Je m’imagine mal comment une troupe de mercenaires, aussi peu intéressés soit-ils, puissent passer à côté d’un objet brillant placé à même le sol. Non, je ne comprends pas la multitude de non-sens présentés fièrement dans Uncharted. Ce titre véhicule un certain réalisme dans sa direction artistique ou ses inspirations et, finalement, on a entre les mains une production finie à la truelle, sans aucun respect du joueur ou des codes de narration évidents. Pourquoi ne pas être parti dans un délire assumé de bout en bout où seul le fun et l’excentricité de l’esprit d’un véritable créateur dirigent le scénario et les mécaniques du titre ? Uncharted souffre d’un manque de personnalité stupéfiant, que ce soit dans son histoire ou dans son gameplay.

L’histoire et les personnages ne rattrapent pas vraiment le naufrage.

 

Pan pan, vroom vroom, saute saute

On parlait de coquille vide ci-dessus, le gameplay du premier Uncharted est loin d’être convainquant, le rendant pour le coup, vide d’intérêt. Le début du jeu laisse pourtant entrevoir une jouabilité plutôt agréable, dans la veine des jeux cités en introduction, avec possibilité de se cacher, de se lancer au corps à corps ou de viser précisément une quelconque partie du corps de l’ennemi. Classique mais efficace comme dirait l’autre. C’est même marrant la première heure. Là où c’est moins drôle c’est que tout le jeu est basé sur ce même schéma. Mais quand je parle du même, c’est vraiment à l’identique. Quelques phases de shoot, scriptées qui plus est, une séance de plates-formes singée sur Prince of Persia, mais loin d’être égalée, puis à nouveau une grande salle où l’on affronte quantité d’ennemis. Uncharted ne connait pas les variantes ou le renouvellement. Enfin si, j’exagère. On se retrouve à un moment dans une course poursuite haletante en jeep et, plus tard, on débarque sur quelques phases en jet ski d’une lourdeur intense. Le summum étant la remontée d’une rivière avec ce veau nautique. Même les plus grands fans de la licence ne pourraient défendre cette immondice, ou alors je ne réponds plus de rien ! Fin de la parenthèse, les seuls écarts aux échanges de mitraillettes, caché derrière un rocher en attendant que Nathan guérisse tout seul de ses blessures, ne sont pas du meilleur effet.

N’est pas le Prince qui veut.

On m’avait également vendu l’IA des ennemis comme d’une rare justesse, et une nouvelle fois je n’ai pas pu y croire une seconde. Les soldats adverses peuvent faire preuve de réactions plutôt bonnes, j’en conviens, mais cela est valable encore une fois pour le début du jeu. La difficulté augmente au fil du jeu, et c’est normal, mais les ennemis obtiennent petit à petit des réflexes de robot. J’en ai vu esquiver des balles en tournant sur eux même, et d’autres savoir exactement d’où j’allais sortir de ma cachette, à droite, à gauche ou au milieu, et m’aligner à la micro seconde où je faisait un bon sur le côté. Les ennemis sont costauds, bullet-in-the-head-proof, précis, même au fusil à pompe à 80 mètres, et nombreux. Bref, inutile de vous dire que Nathan passe son temps à attendre que sa vie remonte, planqué dans le décor. Du coup, le rythme et la longueur des gunfights deviennent difficilement supportables vers la fin, ceci n’aidant pas à la bonne appréciation du reste quand on voit les autres caractéristiques du jeu. M’enfin, Uncharted est beau, dira-t-on. Cependant, ce n’est pas suffisant pour faire un jeu au moins correct !

Un grand moment de Game Design : tirer sur le verrou pour débloquer la porte !

 

Je m’excuse d’avance auprès des fans, ce test fait preuve d’une certaine mauvaise foi. J’ai été très déçu par ce titre, et apparemment je ne suis pas le seul. Uncharted a un bon potentiel mais il faut assumer le délire jusqu’au bout, et ne pas rester l’arrière train coincé entre deux chaises. J’espère que Naughty Dog l’a compris pour les épisodes suivants, à priori plus captivants mais auxquels je n’ai eu ni le temps, ni le courage de m’y essayer.

 

Qualités

  • Les plans « carte postale » qui en mettent plein la vue
  • Le son et globalement les musiques
  • La chasse aux trésors cachés
  • Les checkpoints heureusement nombreux

 

Défauts

  • Le non-sens évident lié à tous les évènements du jeu
  • L’intelligence artificielle trop bien réglée
  • Les QTE sortis de nulle part
  • Les scripts qui interviennent sans cesse
  • Le rythme incroyablement mou
  • Les fameuses phases en jet ski

 

Note globale : 2/5

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7 réponses à “Uncharted, promesses d’aventure et d’exploration”

  1. C’est dingue ça, j’ai l’impression que « la mauvaise foi », c’est l’excuse en or pour justifier d’une critique péjorative alors que la majorité l’encense de fleurs 😀 . Je ne dirais rien, j’ai fait la même. Après tout, la mauvaise foi n’est pas quelque chose de si risible : c’est à mon sens la meilleure manière d’exprimer la déception, chose qu’on a tout à fait le droit de ressentir à propos d’un jeu et c’est encore plus valable lorsqu’il s’agit d’un blockbuster (vu tout le tapage médiatique parfois à la limite du lavage de cerveau). Après, c’est sûr qu’usiter de la mauvaise foi, ça joue en défaveur du caractère impartial étant donné qu’on se focalise plus sur les défauts (pouvant parfois s’appuyer sur des détails insignifiants) que les qualités. Parce qu’il ne faut pas être trop méchant, Uncharted contient quand même quelques qualités même si, hormis la réalisation, elles se révèlent plus théoriques que pratiques (de mon côté, je citerais le principe du gameplay qui aurait pu et dû être plus varié). Bon, par contre, je n’en avais pas parlé dans ma critique mais je ne te rejoindrais pas sur les musiques (l’ambiance sonore est plus réussie par contre). Pas qu’elles soient mauvaises, juste d’une banalité et d’un cliché qu’on en vient purement et simplement à les oublier deux secondes plus tard, voire les ignorer carrément.

    Par contre, c’est vrai que tu avais déjà traité de ton désaccord sur ma critique à propos de l’IA. J’admets avoir été un petit peu trop vague par rapport à ce que j’avais en tête. De mon côté, l’IA est perfectible, il y a même beaucoup de mauvaises gestions au cours du jeu par rapport à cette IA (chose que j’ai souligné). Par contre, ce que j’ai apprécié avec elle, même si je reste d’accord avec toi que c’est gonflant qu’elle ne te loupe jamais et sait toujours où tu peux bien te trouver alors que tu es resté discret (ça m’a bien tapé sur les nerfs parfois d’ailleurs), c’est le fait que les ennemis aient un semblant d’intelligence. Combien de jeux suis-je tombé où j’avais affaire à de véritables légumes qui n’opposent aucun semblant de résistance ? Pas mal, je dois bien admettre. Et c’est vrai que là, alors qu’en prime, j’étais en facile (cette difficulté même où les ennemis ont une nette tendance à être de véritables manchots), ça m’a fait tout drôle et bien plaisir de voir quand même les mecs qui bougeaient et tout pour éviter les balles et se rapprocher de toi. Après, c’est vrai que c’est léger et que je ne prends pas en compte l’IA dans son intégralité pour en faire un bon point mais bon… J’allais pas non plus transformer les quelques qualités que je lui ai trouvé en défaut majeur (ma compassion me perdra). Après, on est d’accord, je n’ai jamais dit qu’elle était juste et infaillible (elle l’est même trop pour être vraie) ^^.

    Autrement, ton incompréhension au sujet des ennemis, je la comprends. J’avoue qu’en jeu, je ne me suis pas vraiment posé la question, les incohérences sont telles dans Uncharted que j’ai préféré allumer ma console en mode « cerveau ramolli ». Par contre, même sans se poser de questions et admettre l’inadmettable, il faut quand même avouer que ce flux quasi-continuel d’ennemis, ça m’a profondément fait c**er. Bon, au début, ça fait ricaner (« oh, le gros méchant, il a une armée de pirates illimitée! ») mais à la longue, ça tape sur le système et la seule chose que tu souhaites, c’est qu’ils te lâchent la grappe deux secondes. Et quand je vois ça, chose qui est le calibrage normal des blockbuster vidéo-ludiques d’action, je me demande bien comment les joueurs font pour s’amuser tant cette surenchère est étouffante et écœurante.

    • Mauvaise foi partagée !
      Concernant les musiques, elles sont assez quelconque effectivement, mais ça allait bien. Vers la fin j’ai même entendues quelques montées épiques qui collaient pas trop mal avec l’action. Je voulais mettre en avant tout le côté sonore de la chose. Même si les musiques ne sont pas les plus réussies, elles contribuent à cette immersion sonore très réussie !
      J’ai également lancé la galette en mode « cerveau off » une fois que j’avais pigé que je pouvais rien tirer de ce jeu, mais en fait j’avais plus trop envie d’y jouer… Ce n’est même pas un passe temps vu que le jeu est chiant. Je suis en train de jouer à Might & Magic : Clash of heroes en ce moment (bordel rien à voir, mais c’est pour exprimer le fond de ma pensée) et l’histoire a beau être inexistante, le jeu un peu merdique, il est terriblement addictif car il demande une certaine réflexion dans la résolution des combats/puzzles. C’est typiquement un jeu pour passer le temps (même si on en a jamais assez), pas prise de tête mais avec des mécanismes de jeu passionnants car demandant une certaine tactique. Je préfère mille fois ça, à un Uncharted qui demande (oblige?) d’éteindre son cerveau avant de s’y lancer. En tout cas ce n’est pas ce que je recherche, et ça m’a valu un beau HS 😀

  2. C’est ça que j’aime trouver sur les blogs, une sorte de « contre-avis » parce qu’il faut l’avouer, les critiques dans la presse sont souvent (hormis quelques exceptions) uniformes. Notamment pour Uncharted qui a toujours été encensé, reconnu quasi unanimement comme l’un (le?) des porte-drapeaux de Sony.

    Je n’ai pas joué à ce jeu, tout juste vu quelques passages du 3. Trop peu pour me faire une idée, mais au moins vos opinions me laissent entrevoir une autre perspective 🙂 et peut être un oeil plus critique si j’y joue à l’occasion.

    En tout cas merci pour l’ambiance sonore, j’adore !

  3. Rhoo le pauvre Nathan, il en prend plein les dents (oui, rime pourrie…)! J’ai parcouru Uncharted premier du nom il y a quelques semaines, donc je m’en souviens encore assez bien. Pour le JetSki, tout à fait d’accord, c’était casse-bonbons! Après, pour ce qui est des non-sens… pour moi, demander à Uncharted d’être « logique », c’est comme demander à Indiana Jones d’être crédible! Mais il n’empêche que les deux licences sont divertissantes!

    La difficulté du jeu ne m’a pas traumatisé plus que ça… En fait d’IA développée, il s’agissait plus de « patterns » facile a comprendre… Mais il faut accepter un système de « die and retry » (progression par l’échec en bon français) plutôt inhabituel sur les productions récentes! Mais après, quel pied de passer les gunfights en « one shot, one kill »!
    Enfin les phases de plate-formes… Étant donné que le jeu fait le pari du grand spectacle et du divertissement grand public, les développeurs ne pouvaient pas se permettre de dégoûter Kevin, 12 ans, avec des phases trop hardcore! Et puis n’est pas le prince qui veut! (d’ailleurs, la seconde génération du PoP nouvelle génération – quelqu’un m’a suivi? – n’était déjà plus du même niveau que Les Sables du Temps, alors bon…)

    Enfin bref, derrière un beau plumage, j’ai trouvé un jeu assez old-school dans ses mécaniques, et j’ai bien accroché. Bon, il est vrai qu’une fois achevé, je ne me suis pas replongé dans le jeu pour dénicher tous les trésors, mais je te trouve tout de même un peu sévère avec ce pauvre Nathan, qui n’est pas si méchant (Hum… ok, j’arrête 😉 )

    • Si je rentre sans aucun problème dans chaque histoire d’Indiana Jones (oui, même le quatrième épisode), j’ai vraiment eu du mal avec Uncharted, un poil trop premier degré à mon sens.

      Par contre, tu mets le doigt sur un truc essentiel : le « die and retry ». J’ai constaté ça plusieurs fois au cours du jeu, si tu ne suis pas certains patterns, tu meurs. Le combat est final est un bon exemple. Il dure quelques secondes mais j’ai dû le recommencer une bonne vingtaine de fois tellement le jeu est chiant sur ce que tu dois faire, et l’ordre dans lequel tu dois le faire. Pour un TPS, c’est vraiment hors de propos je trouve. Ton but c’est de te démerder pour te débarrasser des ennemis, pas de suivre un script pour tuer tous le monde sinon c’est toi qui meurt. Il n’y a aucune liberté d’action, le jeu est un rail shoot à peine masqué.

      Concernant Prince of Persia, seconde génération de la nouvelle génération ( 🙂 ), j’ai adoré mais surtout pour son univers absolument fabuleux. Le gameplay perd un peu en bonnes idées par rapport à la première génération ( 🙂 ), devient un peu rébarbatif pendant un moment, mais ça ne m’a pourtant jamais dérangé, le reste captivant sans cesse mon attention !

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