Xenoblade Chronicles, retour marquant de Monolith Software !

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Mais ce ne serait pas le premier jeu Wii testé en ces lieux ? Et bien oui, vous ne vous trompez pas. Si Xenoblade avait déjà eu droit à une rapide preview l’année dernière, c’est bien, pour l’instant, le seul titre de la dernière console de salon Nintendo à être décortiqué sur Chroniques-Ludiques. Et quel jeu ! Un RPG extrêmement généreux qui nous parvient directement du Japon, imaginé par Monolith Software, studio de génie déjà à l’origine des Xenosaga et autre Baten Kaitos. Leur CV est maintenant gonflé d’un nouveau très bon jeu : Xenoblade Chronicles.

Un artwork représentatif de la générosité de Xenoblade. Environnement gigantesque et couleurs apaisantes, accompagnés du mystèrieux titan que l’on aperçoit dans la brume.

Les chroniques de Xenoblade

Même si le nom est évocateur, il n’y a, à priori, pas vraiment de rapport avec la série créée par le même Tetsuya Takahashi ici présent, à savoir Xenogears et Xenosaga. Non, Xenoblade est une création originale, avec un début et une fin. La seule caractéristique qu’il pourrait partager avec ses moitiés d’homonymes, c’est son scénario passionnant et ses emprunts à différents concepts philosophiques qui viennent alimenter la réflexion. D’ailleurs, on ne va pas y aller par quatre chemins : l’histoire est excellente.

Il faudra cependant patienter une vingtaine d’heures avant de vraiment assister au démarrage du scénario. Une fois ce pallier dépassé, attendez-vous à recevoir baffe sur baffe, et ce jusqu’à la fin du jeu. Le pire, c’est lorsque l’on croit avoir tout vu. Ne vous y trompez pas, ce n’est évidemment pas le cas ! L’intensité est belle et bien présente et, même si les personnages sont loin d’être réussis, les évènements exceptionnels s’enchainent à une vitesse ahurissante. Vous n’en croirez pas vos yeux, ni vos oreilles !

L’épée Monado est au centre de l’intrigue de Xenoblade.

Jadis, il y avait une étendue infinie d’eau, et deux titans. Deux mastodontes, divinités à peine masquées, s’affrontèrent à grands coups d’épées d’une taille tout juste imaginable. Puis ils se figèrent, pétrifiés au beau milieu du combat qui les opposait. Ces deux géants, appelés Bionis et Mekonis, perdus au milieu de nulle part, devinrent finalement la terre d’accueil d’êtres vivants plus petits. Shulk par exemple, le héros du jeu, un humain (la race des Homz) vit dans la colonie 9, érigée sur le pied de Bionis, avec d’autres de son espèce. On trouve également les Nopons, sorte de bibendums dociles qui ne pensent qu’à manger, ou encore les vils Mékons. Eux, ce sont les méchants du jeu et, comme vous pouvez le deviner, ils viennent du titan d’en face : Mékonis. Le début du jeu nous place au beau milieu d’une bataille entre les peuples des deux géant-mondes et c’est à ce moment qu’intervient l’élément central du jeu, l’épée Monado. En effet, c’est la seule arme qui semble efficace face aux Mékons. Si c’est un dénommé Dunban qui la détient dans un premier temps, notre héros (Shulk, souvenez-vous) mettra la main dessus un peu plus tard, lors d’un évènement tragique qui surviendra à la colonie 9. Monado est aussi puissante que dangereuse car liée à l’Ether, source de toute vie sur Bionis. Elle s’adapte facilement à son porteur, et Shulk semble avoir un lien tout particulier avec elle. En effet, il se découvre le pouvoir d’observer le futur au travers de courtes mais intenses visions. Rien que ça. Cependant, ces aperçus du futur sont souvent synonymes de mort ou de danger. Les premières heures vont s’articuler autour de ces visions et du mystère global lié à Monado. Nos héros voyageront un bon moment avant de répondre à toutes leurs questions. Les réponses vont d’ailleurs bien au-delà des premières interrogations, des motivations de départ aussi naïves que les personnages. Comme tout bon RPG japonais qui se respecte, notre groupe de héros évolue, s’agrandit, se solidifie, et les mentalités changent. Pourtant, ils ne m’ont pas convaincu. Certains ont beau avoir une certaine classe, notamment avec quelques pièces d’équipement au design très réussi (d’autres moins, cela dit), ils sont loin derrière les ténors du genre. Xenoblade nous propose plus une histoire géniale, mais basée sur les situations et les évènements. Les personnages sont pratiquement dispensables, lambdas. Evidemment il y a des surprises, mais la psychologie n’est pas des plus poussées et à aucun moment je me suis vraiment attaché à eux. C’est surement très personnel, mais un ID de Xenogears ou une Fang de Final Fantasy XIII m’a vraiment plus marqué que notre troupe de héros réunie pour l’occasion dans Xenoblade. Mais l’intérêt de l’histoire n’est pas là, et elle est tout bonnement excellente. C’est bon de le rappeler une nouvelle fois !

Shulk, le héros de Xenoblade, aux côtés de Monado, la vraie pièce maitresse de l’histoire.

Immersion et découverte

Xenoblade mise également une partie de son potentiel sur l’exploration d’un monde original et onirique. On était déjà habitué avec Baten Kaitos et ses décors à tomber, aussi détaillés que riches en couleurs. Le titre qui nous intéresse aujourd’hui soutient les mêmes vertus, mais en 3D cette fois. La réalisation est à ce titre, incroyable. Aucun temps de chargement, des environnements gigantesques, des coins et des recoins dans tous les sens, et pour couronner le tout une direction artistique qui déboite à peu près autant qu’elle surprend. Le seul bémol, si je puis me permettre, c’est que l’on est sur Wii. C’est terriblement frustrant d’évoluer dans cet univers, de constater l’infinie richesse qui y réside, avec ces graphismes aux pixels abondants. Je n’ose imaginer à quoi cela aurait ressemblé sur une PS3 ou une Xbox 360. Je n’ose pas. Autant la Wii est une excellente console, dotée de titres passionnant au gameplay novateur qui plus est, autant Xenoblade avait entièrement sa place sur une autre console de salon. De plus, la jouabilité à la wiimote n’est franchement pas des plus agréables, préférez lui une manette classique si possible.

Une vue in-game de la colonie 9. L’invitation au voyage !

Fin de la parenthèse, Xenoblade est donc un jeu porté sur l’exploration. Les environnements sont immenses et il est facile de s’y perdre. La carte est donc indispensable pour bien se repérer sur les nombreux km² que contient chaque zone traversée. Tout explorer vous prendra un certain temps, mais vous serez récompensé par de rudes combats face à des monstres uniques, ou la découverte de zones secrètes généreuses en points d’expériences. Chaque zone contient également un certain nombre d’objets à ramasser. Cela est complètement aléatoire mais le fait de remplir chaque catégorie débloque des objets de plus en plus puissants. Il y a de quoi faire, ce jeu ne lésine pas sur le contenu, préférant en fournir presque trop que pas assez. En effet, s’il est possible de se téléporter à différents endroits marqués sur la carte, les quelques centaines de quêtes secondaires ne vous feront pas éviter de nombreux allers et retours un peu partout dans chaque zones. Au passage, je ne vous conseille pas de focaliser dessus lors de votre première partie, il y en a vraiment trop. Au contraire, faites en quelques-unes, pour la découverte, puis ne tardez pas trop à vous lancer dans la suite de l’histoire. Lors d’un New Game + plutôt bien fichu, vous pourrez y revenir et tout débloquer rapidement. Il est cependant intéressant de s’y plonger afin de remplir ce que l’on appelle le « Sociogramme » où chaque personnage secondaire est répertorié, avec ses liens vers des amis ou ennemis. C’est assez intéressant de voir évoluer ce tableau géant. Il y a une vie dans Xenoblade !

La direction artistique de certains lieux est tout simplement extraordinaire.

XenoFantasy XII version Monolith Software

Lors de la présentation de Xenoblade, s’il y a bien un point qui m’intriguait, c’était son système de combat. Un voisin assumé de Final Fantasy XII, mais avec le savoir-faire de Monolith Software, j’étais vraiment enthousiaste.

Tout d’abord, les combats sont en temps réel. Vous ne contrôlez qu’un personnage sur les trois qui composent votre équipe. Hors combat, vous pouvez changer le leader du groupe. Ce qui frappe au passage, c’est que chacun d’eux a un gameplay personnalisé. Si un tel est plutôt équilibré et rapide, un autre, plus costaud, pourra faire chuter un ennemi ou augmenter sa défense. Certains sont plus enclins à la magie, d’autres sur les sorts de soutien ou d’affaiblissement, mais chacun possède une touche particulière, un pouvoir spécial unique qui se déclenche lorsque quelques conditions sont remplies. La découverte de chaque pouvoir vous fera revoir votre façon de jouer, amenant toujours plus de complexité dans un système de combat déjà bien costaud. En effet, si les tutoriaux sont nombreux et ont le mérite d’être clair, une fois en application tout est nettement plus confus. Les batailles se transforment souvent en capharnaüm où l’on ne sait plus qui attaque quoi. Le potentiel est pourtant là, tout est net et précis sur le papier mais en pratique on assiste pantois à une bouillie d’effets spéciaux et de dégâts qui semblent hors de tout contrôle. La caméra n’aide pas car totalement à côté du propos. Affronter un ennemi géant est un calvaire, il faut sans cesse remettre d’aplomb la caméra pour pouvoir tourner autour du monstre et l’attaquer de côté ou dans le dos afin d’augmenter l’efficacité de nos précieux coups.

Une vue d’ensemble du combat.

La palette de capacités de votre personnage est située en bas de l’écran et il faudra jongler entre les différentes possibilités pour vaincre vos ennemis. Les autres personnages sont gérés par l’IA (pas trop mal d’ailleurs) et, ensemble, il faudra utiliser les forces de chacun pour gagner. Chaque coup demande quelques secondes de recharge avant de l’utiliser à nouveau. Vous vous déplacerez donc sans cesse, aussi bien sur le champ de bataille que sur la palette de coups spéciaux, et balancerez tout ce que vous avez chaque fois c’est disponible. C’est un peu redondant, je vous l’accorde, surtout que l’on ne peut mettre en place de macro, comme le permettait l’excellent  système de Final Fantasy XII, déjà mentionné plus haut. Ici vous faites tout à la main, même pour le plus basique des combats. Heureusement, les affrontements avec les différents boss sont nettement plus intéressants. Le challenge est d’ailleurs assez relevé, notamment sur la fin du jeu où l’écart entre boss et ennemis normaux prend encore de l’importance.

Au passage, je me permets un petit aparté sur un point qui m’a particulièrement énervé durant les combats : les voix. Déjà constaté sur Eternal Sonata, les personnages qui hurlent sans cesse à chaque combat, c’est insupportable. Dans Xenoblade, chaque coup est accompagné d’un cri ou d’un petit dialogue. Chaque fois que vous (ou l’IA) exécute un mouvement de la palette, il y a un mec qui hurle un truc derrière. Vous voyez le tableau ? Aucun répit pour les oreilles. Tous les protagonistes crient leur truc (même les boss à vrai dire) à tour de bras. J’ai vraiment trouvé ça pénible, de plus en plus à chaque affrontement. Une option pour désactiver ces voix aurait été la bienvenue pour le coup…

Fin de la parenthèse, le système de combat a beau être intéressant sur le papier, et avec les premiers tutoriaux rencontrés, il ne m’a totalement convaincu. Au cours du jeu, certaines batailles sont vraiment épiques, prenantes, avec une victoire obtenue sur le fil du rasoir qui nous fait pousser des ailes, mais pour le reste, c’est un poil brouillon, redondant, inaudible et peu précis au niveau des réactions, dégâts infligés ou reçus, modifications d’état, gestion des compétences, etc. Il subsiste heureusement de bonnes idées, comme la vision – rappelez-vous du pouvoir de l’épée Monado – de puissantes attaques qui mettront votre équipe sur la touche et dont il faut absolument se protéger (même si au final, la vision n’arrête pas de se déclencher vu la puissance de certains monstres, et que ça en devient presque pénible) ou les différentes manières de jouer propres aux personnages.

L’interface pour changer son équipement est loin d’être un modèle du genre.

Voilà, Xenoblade est un très bon RPG comme on aimerait en voir plus souvent. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est le meilleur de sa génération, mais l’aventure proposée mérite vraiment le coup d’œil, voire un peu plus. Tout n’est pas parfait, loin de là, mais n’importe quel fan du genre se doit de l’essayer. Une histoire tout bonnement excellente qui vous fera voyager dans un monde onirique, coloré et, surtout, passionnant. Pour terminer, juste un mot sur les musiques car je n’ai pas encore eu l’occasion d’en parler : c’est du bonheur en barre. On ne pouvait espérer moins vu la renommée des compositeurs (Shimomura et Mitsuda entre autres, ça devrait légèrement vous parler), mais c’est encore plus puissant que ça ! Carton plein pour la peine, l’OST est de grande qualité, le thème principal du jeu fait l’effet d’une petite bombe et les moments clés de l’histoire permettent toutes les envolées les plus folles. Un régal.

Qualités

  • Narration et mise en scène
  • Histoire et univers qui déboitent
  • Musiques de grande qualité
  • Jeu long et passionnant
  • L’exploration d’environnements gigantesques
  • Le New Game + bien fichu

Défauts

  • Combats parfois brouillons
  • Impossible de changer le leader au cours d’une bataille
  • Quelques interfaces ratées (équipements et quêtes notamment)
  • Certains donjons du début sont vraiment longs et sans réel intérêt
  • Cris intempestifs durant les combats
  • Pollution d’objets à l’utilité discutable
  • Systèmes de jeu annexes peu réussis (création de cristaux par exemple)

Note globale : 4/5

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12 réponses à “Xenoblade Chronicles, retour marquant de Monolith Software !”

  1. Haha j’ai beaucoup aimé ton anecdote sur les personnages qui ne peuvent pas s’empêcher de crier à chaque coup. J’imagine bien qu’au premier combat, ça aide à dynamiser l’action, mais au centième, ça doit juste être pénible 🙂

    En tout cas ça a l’air d’un excellent RPG malgré ses lacunes, et l’histoire a vraiment l’air de t’avoir séduit!

  2. Ah ces fameux cris à chaque coup donné… Les Japonais ont quand même une sacré patience de supporter ça à tout bout de champs (ou peut-être est-ce révélateur de leur façon de vivre) ^^.

    Bref, encore une fois, dans une critique de Xenoblade, ça m’a vendu du rêve. J’ai beau ne pas être fan du système de combat à la FFXII (pour ne pas dire de FFXII en général), je ne sais pas pourquoi, ce Xenoblade m’a toujours tapé dans l’oeil. Sans doute le côté exploration (ma petite sucrerie à moi dans un jeu : perdre des heures à visiter chaque cm² d’un décor, habitude tenace qui me suit même dans les jeux « couloirs »). Et puis, même si ça ne me semble pas le point fort du jeu d’après ce que j’ai entendu à cause du caractère répétitif, il y a assez d’à-côtés pour meubler de nombreuses et nombreuses heures derrière son écran . Là, ça fait depuis sa sortie que je me dis qu’il faut que je m’achète une Wii mais à l’approche de la sortie de son héritière Wii U, ça commence vraiment à me pousser aux fesses pour mettre mes fantasmes à exécution (mon compte en banque, pour le coup est moins ravi de penser à cette hypothèse) ^^

    • Explorer chaque cm² du jeu serait un véritable exploit dans Xenoblade. Tu ne te rends pas compte !

      Acheter une Wii. C’est une chouette idée en réalité. Le nombre de bons jeux / perles est tout de même élevé. Quoiqu’on en dise, et passé le caractère casual logiquement affublé, on y trouve largement son compte. Comme je le disais au début du test, Xenoblade est le premier jeu Wii à être testé ici, mais ce ne sera pas le dernier. Loin de là. J’ai découvert cette console assez tardivement, mais je ne regrette pas !

  3. […] pour l’achat de la console de Nintendo et Sylvain a, je pense, fini de me convaincre avec sa critique qui m’a vendu du […]

  4. Puis surtout tout les jeux sur wii sont pour la plupart des exclusivité sur cette console, alors que les autres plate-formes de salon propose en général des jeux que tu peux retrouver sur PC, excepté quelque exclusivité.

  5. […] Xenoblade, Baten Kaitos, Journey, Final Fantasy, Shadow of the Colossus, et tout récemment Nino Kuni, voilà autant de jeux vidéo qui ont permis à un grand nombre de joueurs de voyager sans bouger de leur canapé. On parle ici de réelles sensations de voyage, de découverte. C’est totalement virtuel, à priori incomparable à une véritable aventure en chair et en os dans un pays étranger, mais pourtant le ressenti n’est pas si éloigné. Les connexions du cerveau, l’imaginatif, arrivent à cerner l’impression de voyage créée par le média du jeu vidéo. […]

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