The Stanley Parable – coup de génie ou vieille imposture ?

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The Stanley Parable n’est pas un jeu. The Stanley Parable est une expérience narrative. Le thème principal qui ressort de cet essai expérimental repose sur la notion de choix. De fait, le titre abordé aujourd’hui vient s’ajouter à l’article sur le choix que j’avais précédemment publié.

En vue FPS, cet OVNI vidéoludique va donc confronter son sujet – on ne peut décemment parler de joueur – à une trame scénaristique percée de divers embranchements assez grossiers. Par exemple, une pièce propose deux portes. Soit vous allez à droite, soit vous vous engagez à gauche. Très simple, mais c’est sans compter la voix du narrateur, le point fort du jeu, qui vous intime de prendre à gauche. Ce personnage mystérieux et omniscient fait office de (faux) game designer interactif, c’est-à-dire qu’il a prévu un certain cheminement pour le déroulement de son expérimentation, et qu’il narre l’histoire au fil de son avancée, soit quelques dizaines de minutes pour un parcours standard.

Evidemment, au moment de choisir la porte, il est possible de franchir celle de droite. Le narrateur suit alors la décision inattendue du joueur, et s’adapte continuellement à ses nouveaux choix. Le traitement se montre par ailleurs étonnant et particulièrement drôle, mettant en scène cette voix intérieure qui tente tour à tour diplomatie, agressivité, gentillesse et moquerie. Les arcs narratifs vont plus ou moins loin dans le délire ou la folie, avec des situations qui n’ont plus rien à voir avec le contexte d’origine. Une fois l’arc arrivé à sa fin, l’expérience recommence au début, à la recherche d’autres embranchements à découvrir.

Malgré l’originalité évidente de l’œuvre, son intérêt ludique ne dépasse en réalité pas la poignée d’heures. En effet, on se contente au final de débusquer les répliques cachées du narrateur. Si certaines actions demeurent subtiles, et le nombre de fins, conséquent, la plupart des ficelles apparaissent grossières, dénaturant de fait les mécanismes narratifs mis en place par le vrai créateur de The Stanley Parable, Davy Wreden. Le narrateur in game a beau en mettre plein les yeux et les oreilles par des évènements grotesques et déroutants, le vrai game design, celui du développeur, apparait finalement comme une succession de situations qui se recoupent via un arbre imposant de possibilités. Bref, c’est un peu compliqué à se représenter l’idée, mais concrètement, The Stanley Parable n’est que l’illusion d’un truc complexe. J’irais même jusqu’à dire qu’il n’est qu’une blague de développeur. Une blague cependant vendue 12 euros.

En revanche, c’est plutôt bien écrit. Les interventions régulières du narrateur restent toujours savoureuses, de même que les situations abordent des thèmes aussi intéressants que diversifiés. Par exemple le travail en bureau et l’inutilité moderne des réunions, ou encore un état des lieux du jeu indépendant, la faculté du contrôle de soi, le sens de la vie, le game design et la narration, le fait de savoir si c’est utile ou non d’appuyer sur un bouton lorsque cela est demandé, etc. J’y reviendrai peut-être lors d’un futur article, The Stanley Parable a des choses à dire derrière son absurdité. Toutefois, passée la surprise des premiers essais, et donc le concept pigé, l’intérêt vole en éclat. On parcourt tous les embranchements, de manière presque mécanique, revenant sans cesse à la case départ, à cette première ramification modélisée par les deux portes, réécoutant sans relâche le même discours du narrateur, infatigable. De la surprise initiale, on passe alors à une routine, à une exploration lassante de cet arbre des possibilités et du code peu alambiqué de ses branches.

The Stanley Parable est un titre paradoxal. Narrateur déroutant et ingénieux in game, il apparait pourtant piégé dans le carcan d’une programmation lourdingue et peu subtile.

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